LA RÈGLE DES 3-30-300 POUR L’ARCHITECTE PAYSAGISTE : UN OUTIL DE SENSIBILISATION

Cecil Konijnendijk est un expert en foresterie urbaine et co-directeur du Nature Based Solutions Institute (NBSI) ou Institut des Solutions Basées sur la Nature à Amsterdam. En 2020, il cofonde la structure avec Johan Östberg, diplômé en Planification Paysagère, et au début de l’année 2021, il invente la règle des 3-30-300.


Cette règle comporte 3 critères :
– Voir au moins trois arbres depuis son domicile,
– Bénéficier d’une couverture arborée de 30 % dans son quartier,
– Vivre à moins de 300 mètres du parc ou de l’espace vert le plus proche.

 

Source : Maison des Alternatives Ecologiques et Citoyennes

La règle est respectée si les trois critères le sont. Peu de chiffres sont pour l’instant disponibles, au vu de la relative nouveauté du concept, mais une étude menée en 2022 par l’Institut de Barcelone pour la santé mondiale auprès de plus de 3 000 habitants de la ville a permis d’observer que seuls 4,7 % d’entre eux correspondaient aux critères.

Dans un contexte de changement climatique et de croissance urbaine, augmenter la part « naturelle » des villes a de multiples avantages, que ce soit au niveau de la création d’îlots de fraicheur, de la gestion des eaux pluviales, de la biodiversité, de la qualité de l’air ou même de la santé mentale. En effet, la même étude Barcelonaise de 2022 a permis d’établir un lien entre respect de la règle des 3-30-300 et bien-être psychologique, avec 18 % des participants déclarant avoir une mauvaise santé mentale.

Tous ces bénéfices sont bien connus, alors pourquoi avoir besoin d’une règle comme celle des 3-30-300 ? Pour la même raison que la sensibilisation fonctionne : la compréhension d’une cause par le public est la première étape vers l’investissement pour cette cause. Cette règle est, bien que basée sur un raisonnement scientifique, traduite presque comme un slogan, qui permet au grand public et même aux décideurs politiques de garder en tête l’importance de mener un travail de renaturation des villes.

En tant que maîtrise d’œuvre, nous transmettons le message et nous avons pu observer les réactions lorsque nous mentionnons cette règle auprès des maîtrises d’ouvrage et des panels citoyens. Ils se saisissent toujours de la règle des 3-30-300, la notent, certains vont même jusqu’à faire des recherches sur le sujet et réutilisent le slogan aux réunions suivantes. La parole est transmise, elle fait son chemin !
Au-delà du simple outil de communication, cette règle permet de recentrer le débat sur l’importance, par exemple, des espaces plantés lorsque l’on discute d’un projet, ou par extension de préserver et/ou créer autant de surfaces perméables que possible. On peut même supposer que les personnes qui s’approprient l’expression lors d’une réunion avec l’Agence Voix Mixtes la réutilisent par la suite avec d’autres partenaires afin d’affirmer et d’argumenter leurs ambitions.

Ainsi, la règle des 3-30-300 permet de sensibiliser le public et de résumer, en un slogan fédérateur, le besoin d’intégrer de la nature en ville, de planter, de désimperméabiliser, etc. L’utilisation généralisée de ce slogan pourrait permettre de maintenir cette cause au cœur des débats de la conception d’espaces collectifs, d’encourager les élus à prendre des décisions qui vont en ce sens et de faciliter la compréhension de ces décisions par le grand public.